
Ce cinquième recueil invite à sentir en nous la présence d’un coeur qui nous éclaire et nous ouvre à la tendresse.
En faisant le vide en nous-même, nous laissons exister les montagnes et les rivières, le brin d’herbe et le morceau de tuile. Nous sommes un espace pour le monde qui vient à exister. le monde est notre soi. Le « Je » est maintenant le son des oiseaux, la chute des feuilles, les chiens qui aboient et les vaches qui broutent l’herbe. En cela, le visage de l’autre être humain a une place unique, il touche et transforme nos cœurs, il devient notre propre cœur et notre propre âme. C’est le visage du vide qui nous accueille et qui vient résider en nous. (Ama Savy, Cœur zen esprit zen)
Les grottes et cavernes, les paysages lumineux, les montagnes et volcans de Laure Gallet font écho à ce coeur, (en lui la souffrance des paysages comme celle des hommes).

S’asseoir te sauve mais tu sais bien
Que tu n’es qu’une goutte d’eau dans la mer
Un poisson frétillant dans les plastiques
Des marées noires
Explosent à tout va comme des grenades
La colère flotte sur les eaux souillées
Tout au fond de toi pourtant une bienveillance
Une aspiration secrète à la vraie nage
Et le don des mains ouvertes au grand large
Juste s’asseoir pour voir la soif
S’étancher aux racines de l’âme
Et le monde infâme devient plus tendre
Du fond de la noirceur du sein des marécages
S’entrouvrent les vannes du ciel – les fleurs bourgeonnent
Des soleils s’embrasent des eaux neuves palpitent
En pluies lacs et rivières
Tout s’écoule dans l’estuaire de tes veines
Irriguant cette vie que tu croyais morte
Tu es seul
Comme une femme sortie du village
Pour accoucher
Nu jusqu’à la moelle
Dans le cratère de ton corps
Enceint d’un monde qui va éclore
L’aube s’éveille
Un sourire sans raison
Engouffre la joie dans ta maison
