À paraître en février 2023
Ce sixième recueil invite à être cueilli par le vide, par l’immensité du ciel qui nous habite.
Simone Weil, une philosophe en quête de la grâce, étrangère aux traditions orientales, n’en exprime pas moins clairement cette vie sans division qui nous gouverne : Seule la lumière qui tombe continuellement du ciel fournit à un arbre l’énergie qui enfonce profondément dans la terre les puissantes racines. L’arbre est en vérité enraciné dans le ciel. Seul ce qui vient du ciel est susceptible d’imprimer réellement une marque sur la terre.
C’est de cette même intuition que témoigne Jôshû (un moine et maître bouddhiste chan) : Le ciel et la terre ont la même racine. Toutes les choses et moi-même sommes d’une seule substance.
Cette réalité, le plus souvent voilée, voire niée, est pourtant au fondement le plus intime et le plus profond de notre être. En prendre conscience appelle une réponse (voire un engagement du cœur), au-delà de tout langage, mais en même temps à travers les mots : tel est le paradoxe au cœur de ces recueils : l’assise est un poème sans fin, aussi vaste que le ciel !
Les photographies de Bénédicte Deleplanque révèlent à leur manière cette osmose entre la terre, l’homme… et le ciel qui les nourrit.

Grande douche vertueuse
C’est la vie qui explose
Lâchant sa fraîcheur jusqu’au ventre
La nuque s’ouvre
La tête aérée flotte
Accueillant les marées du ciel
Ses vagues déferlent sans fin
Et te lavent et te polissent
Voilà que tu rayonnes loin de toi
Parles-tu la langue du sang
Et des serments veine contre veine
Celle d’une foi sans partage
Qui n’a rien à dire
Rien à promettre
Rien à donner
Rien qu’une présence si dense
Qui s’écoule partout
Et déborde tant qu’elle éclaire le jour
Quelle est la prière sinueuse
Quel est le sûtra secret
Récités par le sang et les humeurs
Quelle est la formule magique
Qui fait battre le cœur
Et fleurir la vie avant qu’elle ne fane
Quelle est cette langue virginale
Qui ouvre en nous ses mille bouches
Et fait chanter le corps
