
Ce recueil essaie de conjuguer des approches apparemment diverses qui s’unifient dans la pratique : une éthique (par-delà ce qu’on appelle le bien et le mal), un travail du souffle, et une plongée dans ce vide où toute vie se ressource…
En écho Zhuang Zi, (penseur du IVème siècle av. J.C. à qui l’on attribue un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom – le Zhuangzi), aide à percevoir la clarté matutinale du monde, non par je ne sais quel secret, simplement par une longue décantation de soi-même, par le jeûne du cœur : N’écoute pas avec tes oreilles mais avec ton esprit. N’écoute pas avec ton esprit mais avec ton souffle.
J’ai découvert les photographies d’Alain Silvert grâce ma compagne : Isabelle les appréciait tant que j’ai rencontré Alain pour lui proposer de faire route ensemble. Son regard sur les oiseaux, la flore et les rivages rythment ce troisième recueil. la mer nous a réunis.

La méditation est un art martial
Où la plus grande douceur
Enrobe une violence ancrée dans la chair
Elle boit les pensées et dilue les poisons
Dresse l’arbre affaissé fleurit les fleurs fanées
Avec peu d’air ranime le corps tout entier
Il n’y a qu’une arme absolue dans ce combat
Une grande épée de paix traversant les chairs
Qui sans dévier relie le ventre à l’œil
Bien assis comme l’iceberg
Sur une mer sans âge
Même l’arrogance se fait toute petite
Le corps de glace transpercé par la lumière
Craque et perd son opacité
On devine sous la peau ses veines bleutées
La vertu de l’eau travaillant en silence
Apaise dans les reins les rudesses du cœur
Lave ses crevasses – et l’orgueil se prosterne
La méditation sème
Sans un mot
C’est après que vient l’amour
Comme un résidu
De plénitude
Un suc secret né du vide
Comme une langue de sève
Qui revivifie
Mon corps de bois mort
