(DANS L’ÉCLAIRCIE D’UN FEU)
Ce huitième recueil invite à apprivoiser le mystère de la vie qui partout prolifère. On ne peut rien en dire, mais il dresse les montagnes, les arbres, coule dans les rivières comme dans nos veines.
S’accorder à la vie, tel est l’art intriguant de cette voie qu’on ne peut nommer puisqu’elle est sans voix et tient à distance tout repère, invitant à voir sans voir et à se fondre au souffle pour explorer un continent inconnu, un corps-univers que nous ne cessons d’arpenter : nous sommes le monde, parmi tous les êtres qui nous entourent – ils sont le monde.
Ce recueil sera accompagné par
Infusé lentement par le vide
Délesté de tout ce qui te détermine
Et te définit – voilà que tu n’es plus rien
Extinction bizarre tranquillité sans houle
Qui te laisse plein d’une force
À laisser déferler
Elle donne de la moelle à l’os
De la chair à l’âme
L’évidence de la vie au creux de tes mains
Dans la réalité vraie le temps n’est ni long
Ni court – on ne le sent que dans cette prison
Où trop souvent l’on s’enferre
En t’asseyant tu le libères
Tu le laisses couler ses rivières
Se délier dans l’air et dans tes veines
Tu le laisses traverser les montagnes
Les fleurs les plantes les arbres les corps
Et avec elles et avec eux tout respire
Nous sommes sa terre tendue de chair et d’os
Mais la voie ne façonne que ceux qui s’y offrent
Lâchant leur barque dans le fleuve qui les porte
Dans la froidure et la débâcle du dégel
Dans la chaleur sèche qui fendille les lèvres
Dans le vent brutal qui fait trembler les montagnes
Dans les ondulations et dans les tourbillons
Dans le grand corps du monde où pulse notre sang
Dans les bénédictions du silence aux mains jointes