J’ai été sensible au regard photographique que Michel Leclercq, un ami sculpteur et compagnon de randonnée, porte sur la nature, cadrant la beauté terre à terre, sans chercher à l’idéaliser. Je lui ai demandé ses photos de plages et de sables : elles me parlaient. J’en ai choisi quelques unes, j’ai suivi le parcours qu’elles semblaient m’ouvrir d’elles-mêmes, les accompagnant de mots en écho à tous ces façonnages de la mer et du vent.
Le recueil très simplement s’organise autour de quatre couleurs du sable, des plages vendéennes à celles d’Écosse…
Entre dans cet arbre – à lui seul une forêt
Il invente une voie de sève torsadée
Fouettant son feuillage au loin jusqu’à la mer
Toute nue sur le sable sa musculature
Dévoile un labyrinthe d’ombre et d’éclaircies
D’écorces géantes et de replis secrets
Il élève le pilier d’un temple éphémère
Un tronc sculpté par les vents et les eaux
Rassasié de sable de sel et de silence
Il n’a rien à dire
Il donne juste à voir le vide assoiffé
D’une vie qui t’emporte
Il y a comme de la lune sur la terre
Et l’homme fait un grand pas
Qui perçoit dans l’espace la magie du rêve
Des châteaux sur les rivages de sable dressent
Les fragiles tours de Babel de nos chimères
Qui s’écroulent en paix – avalées par la mer
Encore un tour de magie minérale
Un large tunnel dans la matière compacte
Creusé pour sortir de ce monde étrange
Et fossile – au loin on aperçoit la lumière
Assises et autres poèmes 